FISCHER, GOULD, et bien d'autres


Entre les naturalistes des 18ème et 19ème siècles et les éleveurs d'exotiques du 21ème siècle , il y a , outre la passion des oiseaux , quelques points communs :
- nous utilisons les mêmes binômes latins pour pouvoir établir nos classifications et communiquer avec nos collègues étrangers ;
- nos standards peuvent s'apparenter à la description détaillée qu'effectuait le « découvreur » d'une espèce nouvelle ;
- enfin , même si ce n'est qu'à la fin du 19ème siècle , certains d'entre eux ont cherché à ramener vivants certains oiseaux en Europe pour essayer de les acclimater : après les muséums et leurs oiseaux naturalisés sont venus les « jardins d'acclimatation », précurseurs des parcs zoologiques et des collections privées . Les oiseaux que nous élevons dans nos volières sont , pour certains au moins , les descendants des premiers oiseaux importés : c'est le cas des perruches ondulées que John Gould avait rapportées de son voyage en Australie . Il en confia quelques-unes à lord Stanley , comte de Derby qui fut le premier à réussir leur reproduction en 1848 .
La comparaison s'arrête là : alors qu'un éleveur d'aujourd'hui se passionne pour les oiseaux vivants , les ornithologues d'autrefois étaient , il faut l'admettre, des « chasseurs » qui n'étudiaient les oiseaux qu'une fois morts . Songez que J. J. Audubon (1785-1851) , célèbre pour ses peintures d'oiseaux d'Amérique du Nord a écrit : « Je dis qu'il y a peu d'oiseaux quand j'en abats moins de 100 par jour » , que William Yarrell (1784-1856) avait la réputation d'être le meilleur tireur de tout Londres ou que le révérend H.B.Tristram (1822-1906) , très grand collectionneur , était appelé par ses paroissiens « le grand fusil de Durham » !
On a du mal à imaginer la quantité d'oiseaux ainsi prélevés de par le monde, mais , à cette époque , c'était au nom de la science . On avait pour objectif d'inventorier la totalité du monde vivant et donc chaque espèce, à peine abattue, était dépecée ; les « peaux » préparées pour leur conservation étaient ramenées en Europe afin d'être naturalisées par les taxidermistes. Il revenait enfin aux naturalistes de les nommer et de les décrire dans une publication officielle , devenant ainsi leurs « auteurs » .
C'est dans le « Systema naturae » de Carl von Linné (1707-1778) que l'on trouve en 1760 la première liste , avec leur dénomination binominale , des oiseaux connus de l'époque . Chaque nouvelle édition a été enrichie de nouvelles espèces , en particulier la 7ème (1776) par P.L.Statius Müller (1725-1776) , puis la 13ème (1793) par J.F.Gmelin (1748-1804) .
Chaque espèce avait ainsi son double nom (Genre et espèce) en latin . Le nom d'espèce désignait en général une particularité de l'oiseau , soit anatomique (couleur, taille, forme) , soit géographique ( pays, région, lieu de vie) . Mais au fur et à mesure que le nombre d'espèces décrites augmentait , il devenait de plus en plus difficile de trouver un nouveau nom original .
C'est , semble-t-il , Scopoli (1723-1788) , un médecin et naturaliste autrichien qui utilisa le premier un nom de personne pour désigner l'oiseau qu'il venait de décrire : en 1769 la perruche à collier fut ainsi appelée par lui Psittacula krameri en l'honneur de W.H.Kramer ( mort en 1765 ), un médecin allemand qu'il avait connu à Vienne .
Mais c'est au 19ème siècle que cette habitude devint bien plus courante . La liste des catégories de personnes ainsi honorées est longue : cela va du souverain de son pays au collaborateur le plus modeste en passant par les collègues naturalistes ou les membres de sa famille .
La formation du nom latin d'espèce est simple : au nom ou au prénom , on rajoute i pour un homme et ae pour une femme .

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Jon GOULD                                       Carl Von LINNE                                     Jannes Ebenezer BICHENO