FISCHER, GOULD, et bien d'autres
Après les noms , les prénoms ...
La plupart des éleveurs connaissent la colombe de Cécile ou le toui Catherine parce qu'on peut les voir en concours . Mais il y a beaucoup d'autres oiseaux qui portent des prénoms de femmes : les ornithologues , tous des hommes , ont cependant eu la délicatesse de les attribuer à des oiseaux aux couleurs chatoyantes et au vol gracieux . C'est ainsi que plus de la moitié de la centaine de ces prénoms se retrouve dans la famille des trochilidés : coquettes , ériones , saphirs , émeraudes , arianes et surtout colibris ( plus de 20 )
Si on connaît le nom du descripteur , il n'est pas facile de savoir s'il a voulu rendre hommage à une épouse , une fille ou une sœur !
Lorsque c'est une reine ou une princesse qui est ainsi honorée , on peut avoir quelques précisions :
- Charles Lucien Bonaparte , neveu de Napoléon 1er et cousin de Napoléon III , s'il fit un peu de
politique , est surtout connu comme ornithologue . En 1822 , il épouse sa cousine Zénaïde Bonaparte (fille de Joseph, l'aîné de ses oncles) dont il aura 12 enfants . En 1825 , il décrit une nouvelle sous-espèce de Tourterelle à queue carrée et la nomme zenaida en l'honneur de son épouse . Comme en 1838 , il donne ce nom à tout le genre , cet oiseau s'appelle à présent Zenaida aurita zenaida .
- Le paradisier de Victoria Ptiloris victoriae a été découvert en Nouvelle Guinée par l'australien J.MacGillivray en 1848 . Il fut décrit par John Gould en 1850 qui le dédia à sa souveraine , la reine Victoria qui régna sur le Royaume Uni de 1837 à 1901 .
- C'est cette même reine qui arrangea le mariage de son fils Edouard ( alors prince de Galles ) avec la très belle Alexandra Schleswig-Holstein en mars 1863 . Gould encore lui , en bon sujet de sa majesté , donna cette année là le prénom de la toute nouvelle princesse à une espèce de perruche , Polytelis alexandrae , très belle aussi et que les éleveurs de psittacidés connaissent mieux sous son ancien nom (Princesse de Galles) que sous l'actuel (Perruche d'Alexandra) .
- Autre oiseau bien connu , l'inséparable de Liliane Agapornis lilianae a été découvert en 1890 par Lilian Sclater , la sœur de P.L.Sclater , célèbre ornithologue anglais (1829-1913) . Il ne sera décrit par Shelley qu'en 1894 et il faudra attendre 1920 pour qu'on importe en Europe les premiers spécimens vivants .
- Le paradisier de Carola Parotia carolae a ainsi été nommé en 1894 par l'allemand A.B.Meyer pour honorer Caroline de Suède , femme du roi Albert de Saxe .
- Le paradisier de Stéphanie Astrapia stephaniae découvert par Carl Hunstein , sera décrit en 1885 par l'ornithologue Otto Finsh (1839-1917) et dédié à la princesse Stéphanie de Belgique , l'épouse du prince héritier Rodolphe d'Autriche (dont on connaît la fin tragique à Meyerling en 1889 ) .
- Tragique aussi fut la mort de Thékla Brehm , la fille de l'ornithologue allemand C.L.Brehm ( 1787-1864) : elle mourut en 1857 d'une malformation cardiaque à l'âge de 24 ans . Son père , l'année suivante donna son prénom à une nouvelle espèce d'oiseau que ses fils venaient de lui ramener d'Espagne : Galerida theklae (Cochevis de Thékla) .
- En 1861 c'est Cooper qui appelle une paruline : Vermicola luciae pour commémorer Lucie Baird , la fille de S.F.Baird (1823-1887) , un ornithologue bien connu .
- Ce dernier était coutumier du fait ; 3 autres parulines décrites par lui portent des prénoms féminins :
- en 1858 , Vermivora virginae ( Virginia Anderson était l'épouse du chirurgien militaire qui avait découvert l'oiseau )
- en 1865 , Dendroica adelaidae d'après Adélaïde Swift dont le père Robert avait capturé le premier spécimen .
- et enfin , toujours en 1865 , le docteur Elliott Coues lui demanda de décrire une nouvelle espèce qu'il venait de trouver et de lui donner le prénom de sa sœur Grâce Coues ; Baird qui était son professeur et ami appela donc l'oiseau : Dendroica graciae .
Ces quelques exemples suffisent à montrer comment étaient choisis certains noms d'oiseaux . Les noms en français peuvent parfois prêter à confusion .Il ne faut pas confondre le prénom (isabellae = d'Isabelle) avec la couleur (isabellina = isabelle) ; de même , on peut rencontrer des « carolinae » et des « carolinensis » : les premières désignent le prénom , l'autre la région d'origine .
Pour en terminer , la mouette de Sabine ne commémore pas un prénom féminin mais Edouard Sabine , un astrophysicien à qui son frère Joseph (1770-1837) ornithologue , a dédié en 1819 cette mouette : Larus sabinii .
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